Parfois ce qu'on appelle World Music n'est autre chose que de la musique occidentale avec des samples volés et une petite touche "ethnique". Ce n'est certainement pas le cas de "Talking Timbuktu".
Comme beaucoup de musiciens africains, Ali Farka Touré fait partie de la caste des griots, et il représente à ce titre la voix de la tradition. Dans le cas de Touré, cette tradition s'est enrichie de la musique pop et notamment du blues.
En septembre 1993 Touré et ses deux musiciens (Hamma Sankaré et Oumar Touré) étaient en tournée aux Etats Unis. Ry Cooder (qui a également largement contribué à populariser la musique cubaine) les a invités d'enregistrer quelques titres dans son studio. Le résultat de ses enregistrements a été Talking Timbuktu.
Tous les titres (à part une chanson traditionnelle) ont été écrits par Ali Farka Touré et ils ont un tempo plutôt lent. Les paroles concernent divers sujets comme l'amour ou le recrutement des jeunes pour en faire des soldats et ils sont en Songhai, Bambara, Peul et Tamasheck.
Les chansons peuvent être classées en trois catégories:
1) L'Afrique ("Sega" et "Banga")
Ces deux morceaux sont joués par Touré et son groupe, uniquement avec des instruments traditionnels, et ils sonnent comme s'ils avaient été enregistrés en Afrique.
2) Ali et Ry ("Bonde", "Soukora", "Gomni", "Keito", "Diaraby")
Ali Farka Touré chante et joue avec une guitare acoustique ou électrique sur la plupart des morceaux, pendant que son groupe utilise des percussions et chante le refrain. Ry Cooder se joigne à eux, et utilise essentiellement la guitare électrique.
C'est probablement à cause des refrains que certains de ces morceaux donnent l'impression que Ry Cooder improvise pendant que les autres musiciens jouent tout simplement leur morceau. Sur "Diaraby" Ry s'exerce sur plusieurs instruments à la fois, ce qui renforce encore cet effet.
3) Le bœuf ("Amandrai", "Lasidan", "Ai Du")
Se joignent à Ali Farka Touré, son groupe et Ry Cooder: John Patucci (basse), Jim Keltner (batteries), Clarence 'Gatemouth' Brown (guitare et violon).
Ces morceaux sont certainement les meilleurs, car les musiciens prennent le temps pour une improvisation collective.
J'aimerais conclure cet avis avec une suggestion pour ceux qui ont déjà acheté ce CD. Essayez de changer l'ordre de morceaux, de façon à ce que le concert commence avec seulement trois musiciens et intègre successivement de plus en plus de monde. Ce nouvel ordre serait: 4, 8, 1, 2, 3, 7, 10, 5, 9, 6, et son effet est surprenant!
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